Nouveau sondage mondial : les travailleurs de l’économie numérique méritent les mêmes droits que les travailleurs de l’économie réelle

La technologie en soi ne constitue pas une menace pour le travail décent ; ce qui importe, c’est la façon dont elle est gérée et dans l’intérêt de qui, ont annoncé les syndicats internationaux avant la réunion ministérielle de l’OCDE sur l’économie numérique, qui se tient actuellement au Mexique.

« La révolution numérique offre des opportunités de travail décent et de services de qualité si les gouvernements réglementent le comportement des entreprises comme nous attendons qu’ils le fassent pour les activités traditionnelles. La prochaine vague de technologie peut jouer un rôle extrêmement important dans le passage à un monde ‘zéro carbone et zéro pauvreté’, mais les gouvernements doivent accepter la responsabilité de garantir une transition juste, qui repose sur le dialogue social, les droits du travail, la protection sociale et une réglementation efficace », déclare Sharan Burrow, la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale.

D’après le sondage d’opinion « Nouveaux fronts » 2016 de la CSI, 82 % des personnes interrogées pensent que les entreprises qui dispensent des services par le biais de plateformes Internet doivent garantir aux travailleurs les mêmes droits et les mêmes protections – congés maladie, congés payés, retraites et représentation syndicale – que ce ceux qui sont accordés aux autres travailleurs.

Les syndicats ont défini une charte sociale en trois points pour toutes les entreprises enregistrées qui font appel aux plateformes numériques. Ces entreprises doivent :

  • Payer des impôts dans le pays où elles perçoivent leurs revenus ;
  • Contribuer à la protection sociale dans les pays dont les systèmes nationaux de protection sociale prévoient ces contributions ;
  • Être tenues pour responsables devant la loi à l’égard des relations d’emploi et d’autres réglementations appropriées.

Le sondage d’opinion « Nouveaux fronts » 2016 de la CSI, qui a été réalisé dans neuf pays représentant 55 % du PIB mondial et 45 % de la population mondiale, montre que le public est fortement attaché au fait que les gouvernements défendent l’État de droit dans l’économie numérique.

C’est dans les pays asiatiques consultés pour le sondage que cet attachement est le plus important : Chine (91 %), Corée du Sud (87 %) et Inde (86 %).

La population de chaque pays approuve ce principe à une grande majorité : 84 % en Argentine, 81 % en Allemagne et au Royaume-Uni, 78 % en France et au Canada et 70 % aux États-Unis.

« L’avenir du travail commence maintenant. Il passe par le respect des droits des travailleurs, la garantie de salaires minimum qui permettent aux travailleurs de vivre dignement, l’assurance de pouvoir exercer les droits de négociation collective pour tous les travailleurs, et de bénéficier de la protection sociale. Le travail décent est indissociable de l’État de droit », ajoute Sharan Burrow.

« Les dangers et les risques qui vont de pair avec le développement de l’activité des plateformes numériques ne sont pas tous nouveaux, dans la mesure où il y a déjà de nombreux travailleurs externalisés dans ‘l’ancienne économie’, par exemple des gardiens, des vendeurs dans le commerce de détail ou des ouvriers de l’industrie manufacturière, qui savent bien ce que signifie l’expression ‘à la demande’ en termes d’emplois sous-payés et précaires avec un accès limité à la sécurité sociale », précise John Evans, le secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC).

« Il est nécessaire de protéger les droits de négociation collective pour tous les travailleurs. Les syndicats veillent à ce que la technologie du XXIe siècle ne se traduise pas par des conditions de travail dignes du XIXe siècle pour les travailleurs des plateformes numériques. La ‘nouvelle négociation’ doit permettre aux travailleurs d’adhérer à des syndicats et de mener des négociations collectives – les travailleurs et, de plus en plus souvent, les autorités de contrôle, reconnaissent qu’il est important que les employeurs de la ‘nouvelle économie’ en soient conscients aussi ».

La TUAC organise un forum spécial avec des représentants de la société civile, du secteur privé, du secteur public et des syndicats avant la réunion ministérielle de l’OCDE pour examiner les points spécifiques visant à garantir un impact positif global de l’économie numérique sur l’emploi et l’égalité économique (http://www.tuac.org/en/public/e-docs/00/00/12/30/document_doc.phtml).

FIN

Pour lire le sondage d’opinion « Nouveaux fronts » 2016 sur l’économie numérique (en anglais), cliquez sur : http://www.ituc-csi.org/ituc-frontlines-poll-2016-special-17595

Le sondage d’opinion « Nouveaux fronts » de la CSI a été réalisé par TNS Opinion du 14 au 22 avril 2016 dans neuf pays : Allemagne, Argentine, Canada, Chine, Corée du Sud, France, États-Unis, Inde, Royaume-Uni.