Note d’information : Qu’est-ce que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire ?

La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont de nouvelles formes de l’architecture de l’aide plutôt éloignées du modèle traditionnel « Nord-Sud ». Les organisations de la société civile jouent un rôle important dans le renforcement de la coopération Sud-Sud.

Le troisième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide affirme que (§ 19.d) : La coopération Sud-Sud en matière de développement vise le respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, l’égalité entre les partenaires en développement et le respect de leur indépendance, de leur souveraineté nationale, de leur diversité et identité culturelle, et des contenus locaux. Elle joue un rôle important dans la coopération internationale au développement et complète utilement la coopération Nord-Sud.

La coopération Sud-Sud peut être définie comme un échange de connaissances et de ressources dans les domaines politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux ou techniques entre les gouvernements, les organisations et les individus des nations en développement. Elle peut être mise en œuvre à un niveau bilatéral, régional, sous-régional ou inter-régional et peut concerner deux ou plusieurs pays en développement.

La coopération Sud-Sud, basée sur la réalisation d’objectifs approuvés internationalement en matière de développement, comprenant notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement, vise à donner plus de poids aux pays en développement et à renforcer leur pouvoir de négociation lors des pourparlers multilatéraux. En outre, elle permet aux pays en développement de promouvoir leur autonomie et de consolider leurs liens économiques.

Toutefois, en dépit de la meilleure durabilité de la coopération Sud-Sud par rapport à la traditionnelle coopération Nord-Sud, ce qui facilite l’adaptation à la situation du pays, il apparaît dans la pratique que la compréhension relative à la nature même et aux objectifs de la coopération Sud-Sud n’est toujours pas partagée, comme en témoignent les diverses « interprétations », parfois divergentes, qu’en donnent aussi bien les économies émergentes que les pays développés. Certains affirment que la coopération Sud-Sud ne doit pas être perçue comme un substitut à la coopération Nord-Sud, mais plutôt comme un complément, tandis que d’autres estiment que les deux modèles ne peuvent être mis sur un pied d’égalité.

La coopération triangulaire implique quant à elle la collaboration de deux ou plusieurs pays en développement avec un parti tiers, généralement le gouvernement ou l’organisation d’un pays développé, ce qui favorise les échanges de connaissances et de ressources.
Pour de plus amples informations sur le sujet, vous trouverez ci-après une liste des sources.

Acteurs participant au processus

- Nations Unies

C’est en 1978 que l’Assemblée générale des Nations Unies a mis en place l’Unité spéciale de coopération Sud-Sud du PNUD. Hébergée par le PNUD, le rôle premier de cette Unité spéciale consiste à promouvoir, coordonner et soutenir la coopération Sud-Sud et triangulaire au niveau mondial et dans l’ensemble du système des Nations Unies.
L’Unité spéciale reçoit des directives et des recommandations politiques de la part du Comité de haut niveau de l’Assemblée générale pour la coopération Sud-Sud ; il s’agit d’un comité d’ensemble et d’un organe subsidiaire de l’Assemblée générale qui analyse les progrès de la coopération Sud-Sud à l’échelle mondiale.
L’Unité spéciale prépare tous les rapports importants, y compris le rapport au Secrétaire général sur l’état de la coopération Sud-Sud. Elle organise également, le 19 décembre de chaque année, la Journée des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, instituée par l’Assemblée générale.

Plusieurs autres organes des Nations Unies, tels que l’OIT, l’ECOSOC, le PNUD, le Forum pour la coopération au développement des Nations Unies ou la Banque mondiale, encouragent et contribuent activement à la coopération Sud-Sud.

OIT  : le programme et le budget 2012-2013 adoptés à la 100ème session de la Conférence internationale du travail (2011) mettent particulièrement l’accent sur la coopération Sud-Sud en tant que moyen d’atteindre les objectifs de l’Organisation. La coopération Sud-Sud comporte des initiatives dans les domaines sociaux, économiques, environnementaux, techniques et politiques et, de ce point de vue, elle peut se révéler être un instrument utile pour inciter les partenaires sociaux des pays en développement à promouvoir l’Agenda de l’OIT pour le travail décent par le biais de la coopération au développement. Les orientations de la coopération Sud-Sud, notamment le respect de l’autonomie et des priorités nationales, la diversité des situations et des solutions et, enfin, la solidarité entre les nations, s’alignent sur l’approche de l’Agenda de l’OIT pour le travail décent.

L’OIT a déjà participé à des dispositifs triangulaires dans le cadre de l’accord entre les États-Unis et le Brésil pour soutenir Haïti dans sa lutte contre le travail des enfants dans le secteur de la construction, ainsi que dans le cadre de l’accord de coopération Sud-Sud entre la Chine et l’OIT signé en 2012. Le ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale de la République populaire de Chine aidera des pays asiatiques en développement à promouvoir le plein emploi et le travail décent, en mettant en place des projets de coopération techniques innovants qui faciliteront la diffusion des bonnes pratiques.

Forum pour la coopération au développement des Nations Unies : la coopération Sud-Sud représente un sujet important pour ce forum depuis sa création ; il s’agissait de l’une des tendances principales des forums de 2010 et de 2012. En 2008, le Forum pour la coopération au développement a publié un rapport intitulé « Background Study for the Development Cooperation Forum – Trends in South-South and Triangular Development Cooperation ». (Etude de fond en vue du Forum pour la coopération au développement : tendances de la coopération Sud-Sud et triangulaire)

- Direction de l’OCDE de la coopération pour le développement (DCD-CAD)

Une équipe spéciale pour la coopération Sud-Sud a été établie en 2008, après le troisième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide tenu à Accra, au Ghana, en réaction à la reconnaissance de l’importance d’avoir de nouveaux fournisseurs de ressources en matière de développement.

L’équipe spéciale est une plateforme dirigée par les pays du Sud et hébergée par le Groupe de travail sur l’efficacité de l’aide, au sein du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. L’équipe spéciale est coprésidée par la Colombie et l’Indonésie, avec le soutien actif de l’Institut de la Banque mondiale et des plateformes régionales d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes.

L’équipe spéciale réunit des pays partenaires, en particulier des pays à revenu moyen, des donateurs, des acteurs de la société civile, des universitaires, des agences régionales et multilatérales autour d’un objectif commun axé sur la cartographie, la documentation, l’analyse et la discussion au sujet des synergies existant entre les principes de l’efficacité de l’aide et la pratique de la coopération Sud-Sud.

La coopération Sud-Sud a également été discutée à l’occasion du quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide de Busan (2011). Le Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement réaffirme l’importance de la coopération Sud-Sud : « La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire ont le potentiel de transformer les politiques et approches des pays en développement vis-à-vis de la fourniture de services en apportant des solutions qui sont efficaces, d’initiative locale, et adaptées au contexte de chaque pays. » (§30).

South-South Opportunity est une communauté de professionnels qui se consacrent à la coopération Sud-Sud, à l’échange et à l’apprentissage des connaissances en faveur du développement.

Les organisations de la société civile en action

Les organisations de la société civile interviennent également dans la mise en œuvre de la coopération Sud-Sud. De nombreux syndicats ont intégré la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire dans leurs programmes de développement.

Le séminaire syndical sur la coopération Sud-Sud et triangulaire se tiendra à Florianopolis (Brésil) du 28 au 30 août et sera organisé en coopération avec la Confédération syndicale des Amériques et le mouvement syndical brésilien.

Il a pour objectif de définir les positions pratiques et politiques relatives à la coopération Sud-Sud « officielle » et d’échanger autour des pratiques et des difficultés inhérentes à la coopération syndicale Sud-Sud et triangulaire.

Sources :

- État de la coopération Sud-Sud. Rapport du Secrétaire général (2011) (anglais)
- Plan-cadre contenant des directives opérationnelles sur l’appui des Nations Unies à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire. Note du Secrétaire général (2012) (anglais, français, espagnol)
- Promotion de la coopération Sud-Sud pour le développement : perspective sur trente ans. Rapport du Secrétaire général (2009)(anglais, français, espagnol)
- Événement de haut niveau sur la coopération Sud-Sud et le renforcement des capacités – Déclaration de Bogota – Instaurer des partenariats constructifs et ouverts pour le développement (2010)
- Site Internet de l’Unité spéciale pour la coopération Sud-Sud (anglais)
- Site Internet de South-South Opportunity(anglais)
- Site Internet de l’équipe spéciale pour la coopération Sud-Sud(anglais)
- Site Internet de l’OIT – coopération Sud-Sud et triangulaire

Article par Marion Levillain, RSCD/ITUC