La croissance induite par les salaires dévoile les failles du G20

Les ministres du Travail du G20 ont inscrit le chômage, la demande et la croissance à l’ordre du jour de la réunion des dirigeants du G20 à Brisbane mais ne sont pas parvenus à recueillir un consensus sur la grande question concernant la nécessité d’une hausse salariale dans le monde.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a déploré l’absence de sentiment d’urgence pour affronter la crise de l’emploi qui touche 100 millions de chômeurs dans les pays du G20.

« Alors que de clairs engagements ont été pris en ce qui concerne les jeunes, les femmes, la lutte contre l’économie informelle, la sécurité sur le lieu de travail et dans les chaînes d’approvisionnement, les recommandations de l’OIT, de la Banque mondiale, de l’OCDE et du L20 selon lesquelles nous devons aborder les salaires en tant qu’aspect essentiel de la solution à la stagnation de la demande n’ont pas été adoptées collectivement », a déclaré Sharan Burrow.

De nouvelles études économiques présentées aux ministres du Travail du G20 révèlent que des politiques combinant une augmentation de la part salariale et de l’investissement public dans les infrastructures sociales et matérielles d’1 % du PIB pourraient accroître le taux de croissance économique dans les pays du G20 jusqu’à 5,84 % d’ici à 2018, par rapport aux pratiques habituelles.

« Le Premier ministre Tony Abbott ne peut ignorer ces études – la hausse des salaires des travailleurs stimule la croissance économique. M. Abbott doit veiller à ce qu’une croissance induite par les salaires et des investissements dans l’emploi figurent au premier plan de l’ordre du jour de de la réunion des dirigeants du G20 à Brisbane », a indiqué Ged Kearney, président de l’ACTU.

La réunion des ministres du Travail du G20 comprenait une consultation des groupes syndicaux, des entreprises et des organisations de la société civile, au cours de laquelle le L20 a présenté sa déclaration aux ministres, et s’est conclue par l’adoption d’une déclaration ministérielle offrant peu d’assurance aux travailleurs/euses.

« Confrontés à une stagnation de la croissance, à un déficit d’emplois mondial évalué à 62 millions et à une baisse des salaires réels dans de nombreux pays, les ministres ont raté une occasion décisive de laisser espérer aux familles de travailleurs que les politiques favoriseront une réelle reprise riche en emplois », a déclaré John Evans, secrétaire général de la TUAC.

« La seule véritable avancée est l’accord des ministres visant à poursuivre le travail en matière de renforcement de la sécurité sur le lieu de travail dans les pays du G20 et ailleurs – et dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Il doit pouvoir endiguer le nombre effrayant de pertes en vies humaines lors de tragédies, notamment celle de l’immeuble Rana Plaza au Bangladesh, ainsi que dans les mines, les chantiers de construction et les usines dans l’économie mondiale », a ajouté John Evans.

« Les dirigeants du G20 doivent veiller à ce que les salaires et les emplois soient placés au cœur de leur discussion à Brisbane. Le monde a besoin d’une hausse salariale. Les gouvernements ne peuvent continuer de se réfugier derrière le modèle d’entreprise américain fondé sur la baisse des salaires et de prétendre que les entreprises peuvent survivre s’il n’y a pas de clients en mesure de dépenser », a déclaré Sharan Burrow.