Intervention du RSDC au Parlement européen sur l’instrument de financement de la coopération au développement (DCI)

Pour la première fois, l’un des points de discussion à l’ordre du jour de la réunion du 31 mai de l’intergroupe syndical* au Parlement européen était la coopération au développement de l’Union européenne. Cette réunion tombait à point nommé étant donnée la procédure législative en cours à propos du DCI.

Plusieurs parlementaires étaient présents, dont M. Thijs Berman, rapporteur du Parlement européen pour l’instrument de financement de la coopération au développement (DCI – Development Cooperation Instrument).

La secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES), Judith Kirton-Darling, a présenté les principaux messages formulés dans le cadre du Réseau syndical de coopération au développement (RSDC) sur le DCI en se concentrant sur cinq points principaux :

- Le travail décent devrait être intégré à la politique de développement de l’Union européenne conformément aux récentes recommandations politiques de l’UE, comme le programme pour le changement ;

- La promotion du rôle et des capacités des partenaires sociaux dans le développement (l’un des piliers fondamentaux du travail décent est en effet le dialogue social) ;

- Le soutien à une « approche fondée sur les acteurs » dans la coopération au développement, en mettant spécifiquement en exergue les organisations qui s’appuient sur leurs membres et qui sont donc plus capables à même de garantir une pérennité à long terme aux processus de développement ;

- Le renforcement des programmes thématiques du DCI en tant que dispositif principal pour soutenir l’indépendance des syndicats dans les pays partenaires ; et

- Accorder de l’importance à des indicateurs précis, comme l’indicateur du développement humain des Nations Unies, au moment de différencier les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Des parlementaires ont exprimé leur volonté d’examiner ces éléments ; il s’agissait notamment de Csaba Ory (groupe PPE), s’exprimant au nom de Gay Mitchell (rapporteur fictif [1] ) qui ne pouvait malheureusement pas assister à la réunion.

Thijs Berman (Alliance progressiste des socialistes et des démocrates) a soulevé des points particulièrement intéressants et s’est montré ouvert à d’éventuelles suggestions concrètes d’amélioration du texte tout en soulignant que le travail décent était déjà un élément pris en considération dans l’instrument de financement de la coopération au développement. En ce qui concerne le principe de différenciation, il a attiré l’attention sur le fait qu’il existait actuellement un autre instrument, l’instrument de partenariat, qui permettait aussi aux pays à revenu intermédiaire de prétendre à l’aide de l’Union européenne.

Du reste, il a reconnu que, de nos jours, la lutte contre l’inégalité sociale était le principal enjeu de la coopération au développement, en soutien aux droits économiques et sociaux, conformément à la conception d’Amartya Sen du développement en tant « qu’extension progressive des véritables libertés du peuple ». À ce propos, Thijs Berman a reconnu que le concept de « représentation », qui caractérise les partenaires sociaux, était un élément important dont il convient de tenir compte au moment de l’identification des acteurs de la société civile.

La première version du rapport du rapporteur devrait être prête pour le début du mois de juillet. Dans le même temps, le RSDC présentera des propositions de modification précise aux différentes forces politiques du Parlement européen.

De Paola Simonetti, CSI/RSDC

* Il s’agit d’une rencontre régulière entre les différentes forces politiques du Parlement européen et le mouvement syndical européen afin de discuter des dossiers liés au travail les plus urgents. Vu le thème abordé, la CSI y a participé pour la première fois.

Notes

[1Les autres rapporteurs fictifs sur le DCI sont : Mitchell (EPP), Goerens (ALDE), Deva (ECR), Staes (Greens), Le Hyaric (GUE), Van Hecke (EFD)