Éducation au développement et sensibilisation au sein du mouvement syndical

La solidarité internationale étant l’un des principes fondateurs des syndicats, ces derniers agissent depuis longtemps en faveur de l’éducation au développement et de la sensibilisation (DEAR – Development Education and Awareness Raising). Mais en cette période de crise économique mondiale et d’interdépendance croissante, l’engagement des travailleurs(euses) et des syndicats pour renforcer la compréhension et participer aux processus mondiaux de développement, aussi bien au niveau des membres syndicaux que du grand public, n’a jamais été aussi important. Afin de soutenir l’éducation au développement et la sensibilisation au sein du mouvement syndical, le Réseau syndical de coopération au développement (RSCD) planifie actuellement un séminaire sur le sujet.

Avoir une vision globale du développement, avoir conscience de l’interdépendance des facteurs et des processus intervenant dans le développement, comprendre les tenants et les aboutissants, participer et s’engager sur la base des valeurs des droits humains et de la responsabilité sociale, ce sont là les principes qui définissent DEAR. Et c’est aussi ce qui définit, aujourd’hui, l’appartenance au mouvement syndical. C’est ce qu’a écrit Gemma Arpaia (ISCOS) dans son article sur l’éducation au développement publié par le RSCD au début de l’année.

L’éducation au développement (qui est étroitement liée aux concepts d’éducation mondiale, d’éducation à la citoyenneté mondiale, d’éducation au développement durable, entre autres) peut également être définie de la manière suivante :

L’éducation au développement est un processus actif d’apprentissage, fondé sur des valeurs de solidarité, d’équité, d’intégration et de coopération. Elle permet, grâce à la compréhension des causes et effets des problèmes mondiaux, de passer d’une conscience de base des priorités du développement international et du développement humain durable à une implication plus personnelle et à une action réfléchie.

L’éducation au développement soutient la pleine participation de tous les citoyens dans la lutte contre la pauvreté dans le monde et contre l’exclusion. Elle cherche à influencer des politiques nationales et internationales basées sur des droits économiques, sociaux, environnementaux et humains plus justes et durables. [1]

En Irlande, au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, en Espagne, en Italie et en Belgique, les syndicats sont particulièrement actifs en ce qui concerne l’éducation au développement, quoique certaines activités syndicales soient également mises en place dans ce secteur en Autriche et à Chypre. Malgré tout, ce domaine semble encore mal exploré, ou simplement nouveau pour de nombreux autres acteurs du mouvement syndical mondial.

Les syndicats participent d’autant plus à DEAR que leur mission consiste avant tout à renforcer la solidarité entre les travailleurs(euses) à travers le monde. La motivation supplémentaire vient aussi de leur volonté d’approfondir le travail lié à la solidarité internationale et d’élargir la coopération avec d’autres syndicats (dans les pays de l’UE et au-delà).

Les syndicats estiment qu’ils jouent un rôle significatif dans l’éducation de leurs membres et du grand public en matière de développement. Le mouvement syndical international est en capacité de mobiliser 175 millions de membres à l’échelle mondiale pour renforcer le soutien en faveur d’une approche au développement basée sur les droits, dans le cadre de la campagne pour une amélioration durable du niveau de vie des membres syndicaux, de leur famille et de leur communauté partout dans le monde. La TUC (Confédération des syndicats britanniques) pense que le mouvement syndical a un rôle important à jouer pour maintenir et renforcer le soutien du public à l’égard du développement, notamment pour atteindre l’objectif des Nations Unies de 0,7% de l’investissement national brut dédié à la coopération au développement. C’est ce qu’a répondu la TUC à l’enquête du RSCD sur l’éducation au développement.

Projets syndicaux DEAR

Les projets sont essentiellement axés sur les droits syndicaux, mais des thèmes plus généraux tels que les droits humains, la pauvreté et d’autres questions connexes sont également abordés. Une grande majorité des projets comportent des ateliers ou des formations. Certains prévoient également des publications et des campagnes en ligne, des bulletins électroniques et des actions de rue. Le champ d’action des projets peut aller du niveau local au niveau international, en passant par le niveau national ou européen.

Les syndicats mènent à bien les projets DEAR en tant que chefs de file ou partenaires, aux côtés d’autres syndicats, organisations donatrices, ONG et institutions gouvernementales. La plupart des projets concernent des membres syndicaux, mais ils peuvent également s’adresser aux enseignant(e)s, aux jeunes et au grand public. Les activités syndicales DEAR sont financées principalement par les subventions européennes et nationales, une partie des activités étant couverte par les fonds propres des organisations.

L’ICTU (Fédération irlandaise des syndicats) dirige le projet d’éducation au développement de l’organisation Global Solidarity depuis plus de quatre ans, avec le soutien financier d’IrishAid. Ce programme prévoit que l’ICTU forme des « champions de la solidarité mondiale », organise des universités d’été sur la solidarité mondiale et élabore des matériels éducatifs sur différentes dimensions des droits du travail.

Le projet Making Migration Work for Development (Ce que la migration peut apporter au développement) est financé par la Communauté européenne et mené par SOLIDAR, en coopération avec de nombreux partenaires différents, parmi lesquels ISCOC-CISL, CGIL et ISCOD. Ce projet vise à mobiliser le soutien des citoyens(ennes) européens et des responsables politiques à l’égard d’une approche à la migration du travail et au travail décent basée sur les droits, et dans le but d’améliorer la cohérence des politiques au service du développement, par le biais d’une série de manifestations et de publications.

La campagne Clean Clothes (Campagne Vêtements Propres, ou Ethique sur l’Etiquette, selon les pays), à laquelle participent des syndicats européens et non-européens, constitue un des exemples les plus probants des activités de sensibilisation fondées sur le partenariat entre ONG et syndicats. Cette campagne, qui vise à améliorer les conditions de travail et à soutenir l’autonomie des travailleurs(euses) dans les industries mondiales de prêt-à-porter et de vêtements de sport, mobilise les consommateurs(trices), exerce des pressions sur les entreprises et les gouvernements, et offre un soutien solidaire direct aux travailleurs(euses).

La campagne Playfair 2012, codirigée par la TUC (Confédération des syndicats britanniques) et le réseau Labour Behind the Label, membre de la campagne Clean Clothes, représente un autre exemple important. Les partisans de cette campagne, qui cherchent à améliorer les conditions de travail dans les industries du vêtement de sport, appartiennent à une multitude de syndicats et d’ONG. La campagne Playfair 2012 profite de l’attention dont bénéficient les Jeux olympiques pour sensibiliser les consommateurs(trices) et faire pression sur le Comité olympique et les entreprises de vêtements de sport.

Outre les « classiques » projets DEAR, les syndicats organisent souvent des actions directes en solidarité avec les syndicalistes d’autres pays (européens et non-européens). La question de l’éducation au développement durable prend elle aussi de l’importance sur le calendrier des syndicats, en particulier à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), et de nombreuses formations et programmes éducatifs ont déjà eu lieu sur ce sujet, dans le cadre du mouvement syndical mondial.

RSCD et éducation au développement

Dans le but de soutenir et d’encourager la mise en place d’un plus grand nombre de projets DEAR, le RSCD organisera en novembre 2012 un séminaire sur la question de l’éducation au développement. Pour préparer le séminaire, le RSCD a réalisé une courte enquête sur les projets syndicaux d’éducation au développement parmi ses affiliées. Une recherche documentaire et une série d’entretiens téléphoniques avec des représentant(e)s de syndicats et d’organisations de la société civile sont venues compléter cette enquête.

Le séminaire du RSCD sur l’éducation au développement aura lieu du 5 au 7 novembre 2012 à Vienne, en Autriche, et portera sur des thèmes tels que l’échange des meilleures pratiques en matière de coopération des syndicats au service du développement, les partenariats avec les organisations de la société civile et les alliés gouvernementaux, les processus d’éducation au développement actuellement appliqués en Europe, ainsi que les collectes de fonds au profit des programmes d’éducation au développement. Le séminaire abordera également la manière de soutenir au mieux les syndicats qui participent à l’éducation au développement en s’appuyant sur le travail du RSCD. Tous les syndicats intéressés, les organisations donatrices, les fédérations syndicales internationales et les autres partenaires sont invités à participer au séminaire. Des informations plus détaillées et les fiches d’inscription au séminaire seront diffusées en septembre.

La CSI, représentée par le RSCD, est membre du European Multi-stakeholder group on Development Education (MSH) (Groupe européen multi-acteurs pour l’éducation au développement) et observatrice du Forum DARE (Concord).

Pour plus d’information :

- La sensibilisation et l’éducation au développement : quelle importance pour les syndicats ?– article de Gemma Arpaia, ISCOS

- Projet DEEEP (Concord) (en anglais) – dernières nouvelles de l’éducation au développement et ressources de l’ensemble de l’Europe

Pour plus d’information, veuillez contacter Kasia Szeniawska, ITUC/RSCD([email protected])