À l’occasion de la Journée internationale des migrants, la CSI donne l’alerte sur les risques auxquels sont exposés les travailleurs migrants

Alors que les Nations unies s’apprêtent à célébrer la Journée internationale des migrants ce 18 décembre, la Confédération syndicale internationale (CSI) s’alarme du nombre croissant de travailleurs migrants exposés à des conditions de travail dangereuses.

Comme l’a rappelé Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI, des millions de travailleurs migrants dans le monde sont exclus du droit international du travail. Ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les autres catégories de travailleurs.

Qu’ils soient ouvriers, travailleurs du bâtiment, travailleurs domestiques ou personnels d’encadrement, les travailleuses et travailleurs migrants participent à de nombreux secteurs de l’économie dans presque tous les pays du monde.

« Les travailleurs migrants constituent la catégorie la plus vulnérable ; ils sont souvent exploités par des employeurs peu scrupuleux dans des secteurs d’activité dangereux. L’un des pays les plus maltraitants du monde à l’égard des travailleurs migrants est le Qatar : les conditions dans lesquelles travaillent les 1,4 million d’individus qui construisent la prospérité du pays définissent l’archétype même de l’asservissement au 21e siècle », a dit Sharan Burrow.

Les travailleurs migrants représentent 96 % de la population du Qatar. Le pays ayant été sélectionné pour accueillir la Coupe du monde de la FIFA en 2022, les chantiers prévus pour la construction des infrastructures nécessaires, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, feront appel à une main d’œuvre migrante.

La législation internationale relative à la protection des droits des travailleurs migrants doit être mise en œuvre et respectée. La convention n° 189 de l’OIT adoptée l’année dernière garantit aux travailleurs domestiques, comme à tout travailleur, le droit de se syndiquer et de mener des négociations collectives pour défendre leurs intérêts, ainsi que le droit à un salaire minimum décent.

« Cette année, six pays (à savoir l’Uruguay, les Philippines, Maurice, la Bolivie, le Nicaragua et le Paraguay) ont ratifié la convention et d’autres encore se sont engagés à améliorer les conditions de travail et de vie des travailleuses et travailleurs domestiques. Néanmoins, la situation réelle dans laquelle se trouve l’immense majorité de travailleurs domestiques dans le monde équivaut purement et simplement à de l’esclavage », a ajouté Sharan Burrow.

« Victor travaille dans une marbrerie du Qatar et partage un dortoir avec 12 autres personnes à l’intérieur d’un camp de travail sordide. Son salaire a été divisé par deux, passant de 400 USD à 200 USD. Le système très contraignant de parrainages qui conditionne l’obtention des visas ne l’autorise pas à changer d’emploi. Son passeport est confisqué par son employeur, de sorte qu’il ne peut quitter le pays sans l’autorisation de ce dernier. Ses droits ne sont protégés par aucune loi », précise Sharan Burrow.

En 2012, l’Europe a assisté à l’essor de plusieurs partis d’extrême-droite qui prennent les travailleurs migrants pour cible d’un discours haineux. C’est le cas de l’Aube dorée en Grèce, du Vlaams Belang (Intérêt flamand) en Belgique et de diverses formations en Hongrie et en France.

La diversité des violences dont sont victimes les travailleurs migrants dans le monde appelle une action concertée de la part des institutions spécialisées des Nations unies, des gouvernements, des entreprises, des organisations de migrants et des syndicats.

La CSI exhorte les gouvernements :
- à respecter la législation internationale du travail ainsi que les conventions de l’OIT relatives aux travailleurs migrants ;
- à ratifier la convention de l’ONU sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants ;
- à remettre en cause l’approche strictement économique qui prévaut actuellement en matière de migrations, y compris lors du prochain dialogue de haut niveau des Nations unies sur les migrations et le développement, qui se tiendra en septembre 2013.

« Les migrants ne sont pas une marchandise. Par notre action concertée, nous pouvons mettre fin aux pratiques abusives telles que les commissions réclamées par les agents de recrutement, le non-respect par les employeurs de leurs engagements en matière de salaires et de billets d’avion pour le retour des travailleurs migrants et les conditions indécentes d’hébergement, afin que Victor et ses collègues soient traités dignement », a conclu Sharan Burrow.

Participez à la campagne de défense des droits des travailleurs migrants au Qatar sur:
http://act.equaltimes.org/fr/fillastadium

FIN

Voir des photos sur les conditions de vie des travailleurs migrants dans les camps de travail de Doha au Qatar :
http://www.flickr.com/photos/ituc/sets/72157632156910637/

Visionner le témoignage de travailleurs migrants népalais sur leurs conditions de travail au Qatar :
http://www.youtube.com/watch?v=MBxsA6bZM7w