Évaluation syndicale du Forum politique de haut niveau 2017 de l’ONU sur le développement durable

Le Forum politique de haut niveau 2017 (FPHN) sur le développement durable s’est déroulé au siège des Nations Unies à New York du 10-19 juillet 2017, sous le thème général suivant : « Éradiquer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation ». Une délégation syndicale a assisté à l’événement.

Le Forum politique de haut niveau 2017 (FPHN) sur le développement durable s’est déroulé au siège des Nations Unies à New York du 10-19 juillet 2017, sous le thème général suivant : « Éradiquer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation ». La première semaine du FPHN (du 10 au 14 juillet), qui revêt une orientation thématique, a examiné les ODD 1 (pas de pauvreté), 2 (faim « zéro »), 3 (bonne santé et bien-être), 5 (égalité entre les sexes), 9 (industrie, innovation et infrastructure) et 14 (vie aquatique), y compris l’objectif 17 (partenariats). Au cours de la seconde semaine du FPHN (du 17 au 19 juillet), 44 pays ont présenté des examens nationaux volontaires (ENV). Les représentants syndicaux d’un certain nombre de ces pays ont assisté à la réunion au sein de la délégation RSCD-CSI, dont certains dans des délégations gouvernementales.

Réflexions sur le FPHN de cette année

Le niveau d’intérêt que le FPHN a causé cette année dans la communauté du développement international est encourageant et est représentatif d’un certain degré d’engagement dans ce processus. Cependant, il semble tout aussi clair que le FPHN reste un projet qui doit encore évoluer et relever de nombreux défis si l’on espère continuer à attirer le même niveau d’attention au cours des années à venir. Certains de ces défis peuvent être relevés à travers le programme et les modalités du FPHN lui-même, tandis que d’autres sont plus profondément politiques et exigeront des efforts sincères de la part des gouvernements.

Après cette seconde édition de l’examen du FPHN, il semble assez évident que le programme doit être ajusté afin de permettre une discussion plus poussée sur les processus d’examen au niveau national. Pour ce faire, il suffirait de rallonger la durée de la semaine d’ENV de trois à cinq jours ou d’inverser le programme afin que la semaine thématique dure trois jours et la semaine d’ENV, cinq jours. La semaine thématique offre beaucoup plus d’espace pour les commentaires des groupes de la société civile, mais encore peu de dialogue interactif.

En revanche, la semaine des ENV doit faire face à un défi beaucoup plus fondamental du fait que très peu de temps a été affecté aux commentaires des groupes de la société civile, et encore moins au dialogue interactif, auquel elle devrait naturellement se prêter. Ce processus pourrait finir par devenir purement symbolique si, à l’avenir, sa formule actuelle devait rester inchangée. Pour le moment, les États membres de l’ONU font des déclarations d’annonce plutôt que de véritables présentations et n’affichent que peu d’ambitions ou d’analyses prospectives sincères quant à la situation en 2030. Cela est en partie dû au fait que de nombreuses présentations des ENV en sont encore à la phase de mise en œuvre ou de mise au point.

Examens nationaux volontaires au niveau des pays

L’expérience du processus d’ENV au niveau national suggère qu’une amélioration est nécessaire. Comme l’a montré le Focus syndical sur les ODD dans les ENV présentés par 8 pays, les gouvernements doivent améliorer leurs méthodes de consultation de la société civile. L’expérience était mitigée en matière d’ouverture, de transparence et d’inclusion des ENV. Tout cela peut être attribué à toute une série de raisons : les gouvernements pourraient ne pas avoir l’intention de réaliser ces consultations ou pourraient eux-mêmes subir une très forte pression de temps et ne pas disposer de la coordination adéquate que pour préparer ces examens.

Afin d’améliorer le processus des ENV, il convient d’améliorer la coordination à tous les niveaux. Pour ce faire, il faut commencer par la création d’un environnement institutionnalisé pour ces examens rassemblant tous les acteurs pertinents. Cela permettrait d’améliorer la transparence et la prévisibilité des consultations. Cela contribuerait également à garantir que les ENV ne se transforment pas en rapports ponctuels sans aucune mesure de suivi au niveau national.

Il convient d’établir des canaux officiels afin de recevoir les commentaires de la société civile, étayés par des lignes directrices, pour l’intégration des rapports nationaux. Après la production des ENV, les gouvernements feraient bien d’entreprendre un exercice de validation permettant à la société civile de vérifier les informations qui seront présentées lors du FPHN.

Enfin, il convient d’encourager le contrôle en parallèle des examens nationaux et un espace dédié doit être affecté pour que les messages qui ressortent de ces exercices puissent être communiqués officiellement afin qu’ils puissent compléter les conclusions des examens nationaux.

Consultez les faits saillants et les interventions des syndicats au FPHN 2017 ici.

Réflexions sur la déclaration ministérielle du débat de haut niveau de la séance 2017 du Conseil économique et social et du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

Points positifs :

  • § 1 : le rythme de mise en œuvre doit être accéléré, car les tâches auxquelles nous sommes confrontés sont urgentes ;
  • § 3 : engagement à lutter contre les inégalités et à la croissance durable et inclusive avec un travail décent pour tous ;
  • § 5 : une attention considérable portée à l’égalité entre les sexes et l’égalité (cf. aussi §8, §14, §15, §17, etc.) et référence aux systèmes de protection sociale inclusifs ;
  • § 7 : une attention au changement climatique et une réaffirmation avec force vis-à-vis de la Déclaration de Paris ;
  • § 11 : reconnaissance de l’existence de sérieux défis dans de nombreux pays à revenu moyen ; ainsi qu’une mention (§ 14) au fait que plus de 70 % des pauvres dans le monde vivent dans des pays à revenu moyen, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud ;
  • § 12 : accent sur les « fondements de données probantes et l’analyse des lacunes », ajoutant ainsi de la valeur au Focus syndical sur les ODD afin de chercher les lacunes dans la mise en œuvre des ODD ;
  • § 14 : attention accordée à la mise en œuvre de systèmes et de mesures de protection sociale appropriés au contexte national pour tous, y compris les seuils minimaux de protection sociale ;
  • § 16 : les investissements dans le domaine de la santé contribuent à la réduction des inégalités ;
  • § 17 : les propositions d’actions nécessaires pour combler les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes (omniprésents dans toutes les régions et tous les secteurs), notamment par l’intermédiaire de la reconnaissance et la valorisation des soins non rémunérés et du travail domestique, comme préconisés par le document des positions du RSCD au FPHN 2017 ;
  • § 18 : la reconnaissance de l’industrialisation inclusive et durable est un élément essentiel pour garantir la transformation structurelle des économies afin de créer des emplois décents pour tous ;
  • § 19 : la contribution des océans propres au développement durable et aux économies durables se fondant sur l’océan, ainsi qu’à l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la nutrition, le commerce maritime et le transport, le travail décent, etc.
  • § 21 : la reconnaissance de la coopération Sud-Sud en tant qu’élément important de la coopération internationale au développement en qualité de complément et non comme substitut à la coopération Nord-Sud ;
  • § 22 : la reconnaissance du potentiel à la fois transformateur et perturbateur des nouvelles technologies, en particulier les avancées de l’automatisation, sur nos marchés du travail, et sur les emplois du futur et, à cet égard, tenter de préparer nos sociétés et nos économies à ces effets ;
  • § 23 : l’importance du renforcement des capacités nationales de suivi et de contrôle ;

Points pas vraiment positifs :

  • Aucune mention du salaire minimum (vital)
  • Aucune mention du dialogue social, de la liberté d’association ou de la négociation collective ;
  • Aucune mention de la santé et la sécurité au travail ;
  • Les services publics sont très peu évoqués, sauf dans le cas du secteur de la santé (§ 16) ;
  • Aucune mention concrète de la requalification des compétences, sauf pour mentionner « le développement des compétences » (§ 6) et pour nous préparer aux effets perturbateurs (§ 22) ;
  • Aucune mention de travailleurs vulnérables/informels/précaires dans la liste « des personnes dans le besoin » (§ 2).

Les messages du Grand groupe des travailleurs et des syndicats au FPHN ont été diffusés par l’intermédiaire du document des positions intitulé La lutte contre la pauvreté et la promotion de l’égalité entre les sexes. Le document met l’accent sur l’approche globale de l’Agenda du travail décent en tant que cadre pour la mise en œuvre des ODD. Il souligne le fait qu’il est essentiel de veiller à ce que les composantes de l’Agenda du travail décent soient mises en œuvre avec succès afin de réaliser l’ODD 1 (mettre fin à la pauvreté), l’ODD 3 (bonne santé et bien-être), l’ODD 5 (l’égalité des sexes) et l’ODD 9 (industrie, innovation et infrastructure).

Les représentants syndicaux présents (y compris les délégations gouvernementales) : Koji Suzuki et Ryuichi Ikota (RENGO Japon), Raju Parackal John (INTUC Inde), Naome Chakanya (LEDRIZ Zimbabwe), Antônio Lisboa Amâncio do Vale (CUT Bresil), Ruben Wågman et Kristina Henschen (Union to Union Suède), Maresa Le Roux (CGSLB/ACLVB Belgique), Bart Verstraeten (World Solidarity Belgium), Riccardo Sanna et Gianni di Cesare (CGIL Italie), Christian Weis (IG Metall Allemagne), Marie Nilsson (IF Metall Suède), Haridasan Parayarikkal (CSI Asie-Pacifique), Alex Nkosi (CSI-Afrique), Daniel Angelim (TUCA-CSA), Jane Njoki (COTU-Kenya), Moradeke Abiodun-Badru (NANNM Nigéria), Sandra Vermuyten (PSI Global), Rosa Pavanelli (PSI Global), Wellington Chibebe, Matt Simonds et Joan Lanfranco (CSI-RSCD).

Informations complémentaires :