605 trillions de dollars US spéculés en produits dérivés. Il est temps que les marchés financiers paient la note

La pression s’accentue sur les décideurs économiques mondiaux pour que les marchés financiers paient leur dû à l’économie mondiale alors que le chômage s’étend à la suite de la crise financière mondiale et que, partout dans le monde, des travailleuses et des travailleurs refusent que la prochaine étape de renflouement d’un système financier de plus en plus bancal passe par davantage de réductions.

Aujourd’hui, à l’heure où des syndicats et des organisations non gouvernementales mènent des actions en faveur de la taxe sur les transactions financières, la CSI invite les décideurs gouvernementaux à conclure un accord pour la mettre en œuvre au plus vite.

Elle gagne de plus en plus de soutiens dans le monde politique, comme le montrent le vote unanime du parlement brésilien en faveur de la taxe et l’appel du président de la Commission européenne, Manuel Barroso, pour que cette question soit reprise à l’ordre du jour du sommet européen des 23 et 24 juin.

En 2010, l’OCDE estimait que la valeur totale des produits financiers dérivés s’élevait à 605 trillions de dollars US, soit 10 fois le PIB mondial. Ceux-ci ne sont pratiquement pas imposés et il n’est pas rare que les banques ne paient pas de taxes sur les bénéfices générés par leur vente.

« La spéculation a été l’un des principaux facteurs de l’effondrement financier de 2008, pourtant, alors que le secteur ne cesse de prendre de l’ampleur, il n’apporte rien aux véritables économies des gouvernements nationaux, a expliqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Cette industrie doit commencer à payer son dû plutôt que de se contenter de générer des bénéfices obscènes pour les banquiers et les financiers du monde ».

Et d’ajouter: « Une simple taxe sur les transactions financières générerait des milliards de dollars qui pourraient servir à la création d’emplois décents, à la lutte contre la pauvreté et au financement d’actions sur le changement climatique. Il est temps que les banques cessent de profiter aux dépens des travailleuses et des travailleurs, et qu’elles commencent à payer pour réparer les dommages qu’elles ont causés à l’économie. »

Pour les organisations syndicales, l’initiative, qui inclurait une taxe sur une faction d’un pourcentage sur les transactions, ralentirait également la spéculation financière qui a été l’un des principaux facteurs de la récession qui a débuté en 2008.

« Le débat en faveur de cette taxe est déterminant et économiquement logique. Les banques se servent de leur incroyable influence sur le monde politique pour tenter de freiner l’initiative, mais il faut que les gouvernements résistent au bras de fer du secteur financier et agissent dans l’intérêt de la population », a encore expliqué Sharan Burrow.

Les syndicats et leurs alliés de la société civile, soutenus par de nombreux économistes et hommes politiques, concentrent aujourd’hui l’attention du public du monde entier sur la mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières et ce point figurera en tête des revendications syndicales pour le sommet du G20 de cette année que la France accueille en novembre. Le président français, Nicolas Sarkozy, est un partisan énergique de cette taxe.