28 avril : La santé et la sécurité au travail sont menacées par les intérêts des groupes commerciaux opposés à la réglementation

Tandis que les travailleurs du monde entier prennent part à la Journée internationale de commémoration des travailleuses et travailleurs morts et blessés au travail, les organisations syndicales internationales sonnent l’alerte sur les effets dévastateurs que pourrait entraîner le lobbying des entreprises visant à affaiblir la protection de la santé et de la sécurité au travail.

« Dans un nombre croissant de pays, y compris parmi les économies les plus puissantes du monde, les grands groupes et les entreprises mènent une attaque en règle pour réduire la protection des travailleurs contre les risques professionnels. S’ils réussissent, le nombre de morts augmentera et le bilan des blessures et des maladies professionnelles s’alourdira. Les syndicats dénoncent les statistiques truquées et les arguments fallacieux avancés par ces groupes, lesquels se soucient davantage de leurs profits que de la vie des personnes qui travaillent pour eux », a déclaré Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI.

« N’oubliez pas les immenses dégâts provoqués il y a un an par l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon », a-t-elle ajouté. « Onze décès, une véritable catastrophe écologique et des pertes économiques se chiffrant en milliards de dollars, tout cela à cause d’une attitude effroyablement négligente à l’égard de la sécurité, encouragée par l’absence d’une réglementation efficace et d’une supervision officielle. Cette catastrophe, ainsi que d’autres comme celle du complexe Fukushima au Japon montrent l’importance vitale d’avoir une réglementation appropriée et de l’appliquer. À cela s’ajoutent d’autres catastrophes dont les effets ne sont pas immédiats, par exemple la contamination à l’amiante, et qui attestent du fait que la non-adoption d’une réglementation aujourd’hui équivaut à condamner à mort des millions d’individus sur deux générations. »

Le nombre de victimes d’accidents du travail s’élève chaque année à plusieurs centaines de milliers de personnes, mais il est éclipsé par le nombre des décès survenant suite à des maladies professionnelles, par exemple les cancers d’origine professionnelle. D’après l’Organisation mondiale de la santé, les maladies dues à l’amiante sont responsables de 107 000 décès chaque année.

« L’importance et la valorisation d’une réglementation appropriée ne sont plus à démontrer. Des vies humaines sont sauvées et le coût colossal associé aux maladies et aux accidents professionnels est réduit. Des études indiquent que l’environnement professionnel est probablement à l’origine de 20 % des pathologies les plus meurtrières dans le monde, dont les cancers, les maladies cardiovasculaires et les affections respiratoires. Toutes ces maladies peuvent être évitées », a déclaré Sharan Burrow.

En cette Journée internationale de commémoration des travailleurs, la CSI met en avant le rôle essentiel des syndicats, d’une réglementation solide et d’une mise en œuvre effective afin d’assurer une meilleure sécurité sur les lieux de travail.

« Il est essentiel de tirer le meilleur parti possible de la connaissance que les travailleurs possèdent sur le terrain, épaulés par leurs syndicats, afin de prévenir la morbidité et la mortalité. Au lieu de réduire la protection, comme le voudrait la fièvre de déréglementation qui se propage, il convient de la renforcer, notamment en défendant les droits des travailleurs à une représentation syndicale. Supprimer ou affaiblir les réglementations en vigueur et priver les travailleurs de protection syndicale sont des stratégies qui coûtent des vies humaines. Il faut prendre en compte le prix payé par les familles et par la société lorsque le niveau de protection baisse, plutôt que d’invoquer une chimérique “asphyxie réglementaire” des entreprises », a conclu Sharan Burrow.

L’interview du 28 avril d’Anabella Rosemberg de la CSI peut être écoutée sur Radio Labour